
Il n’y a pas meilleur indicateur que les réseaux sociaux pour évaluer le degré de réflexivité d’une société. En effet, après les scènes de liesse du 30 août 2023, il semble que la population gabonaise ait décidé de renouer avec les vieilles habitudes héritées du « Bongoïsme-PDG ». Alors que le Gabon est englué dans un marasme politique, économique et social sans précédent, sans oublier l’épée de Damoclès de la communauté internationale qui plane, chaque jour qui passe au-dessus de sa tête, force est de constater que les citoyens n’ont d’yeux que pour les nominations du conseil des ministres.
En effet, jeudi dernier suspendus aux lèvres de Laurence Ndong, ministre de la communication et porte parole du gouvernement qui de ceux qui égrainent leurs chapelets, qui de ceux qui profèrent des paroles incantatoires dans les temples de « Bwiti », toujours est-il que mon parent doit vaille que vaille faire partie intégrante de ce gouvernement de transition ! Inutile de rappeler que les frustrés, en cas de désillusion, n’y vont pas de main morte avec OLIGUI. Chacun y va de sa théorie du complot. On peut y lire (sur Facebook) des phrases comme : « je ne crois plus en cette transition ! » ; des titres comme « tribalisme à la primature ». Quant aux lauréats, ils sont submergés par des publications du genre : « mes félicitations monsieur le ministre ! l’activisme a payé ! »
Hélas ! aussi dommageable que cela puisse être, à force de faire une fixette sur ces nominations éphémères (car nous sommes dans une période transitoire), on finit par perdre de vue l’essentiel à savoir : le retour à l’ordre constitutionnel. Les nominations n’ont jamais engendré le développement. Les nominations n’ont jamais été gage d’une sortie de crise. Tirer à boulets rouges sur les autorités actuelles ne redonnera pas au Gabon sa place dans le concert des nations. Seule la conjugaison des efforts. Seule la conjugaison des intelligences. Seule une population participative, anticipatrice, pourra mener à la construction d’un véritable État de droit, qui se bonifie avec des critiques constructives. En marche vers la démocratie. Rome ne s’est pas faite en un seul jour.
Par MINKOUÉ ABDOU DIOUF.
